La carte de la Lune de Cassini
C’est certainement la carte établie par Jean-Dominique Cassini en 1679 qui marque un tournant dans le réalisme de la représentation de la topographie lunaire. Bénéficiant d’observations de qualité permises notamment par les lunettes sans tuyaux, cette carte se caractérise par la finesse de ses détails et la qualité formelle de son exécution.
Gravée d’après de nombreux dessins réalisés par Cassini et ses deux assistants, Sébastien Leclerc (1637-1714) et Jean Patigny (16?-16?), la carte de la Lune est présentée à l’Académie des sciences le 12 février 1679.
Tirée à un faible nombre d’exemplaires, elle connaîtra une diffusion limitée qui ne lui permettra pas de concurrencer les cartes d’Hevelius et de Riccioli. L’absence de nomenclature explique en partie cette moindre réception de l’œuvre.
La carte est reconnaissable en raison de deux détails caractéristiques. Le promontoire des Héraclides s’achève en un délicat profil féminin qui, selon certaines théories, ne serait autre que celui de la future épouse de Jean-Dominique Cassini, Geneviève de Laistre avec qui il s’était marié en 1673. Le second détail est certainement lié au premier : en suivant le regard de cette figure féminine l’on découvre au centre de la Mer de la Sérénité l’esquisse d’un cœur.
En dépit de sa diffusion restreinte, la carte de Cassini a tout de même bénéficié de reprises dans des ouvrages d’astronomie comme les Institutions astronomiques, traduites par Pierre-Charles Le Monnier (1715-1799) d’après John Keill (1671-1721).