Des calculs complexes
Lorsqu’ils établissent des horoscopes, les astrologues prennent en considération deux éléments principaux qui reflètent deux découpages distincts du ciel : d’une part la position des astres errants dans le zodiaque, c’est-à-dire leur longitude écliptique, et d’autre part leur position au sein des maisons dressées à partir de l’heure et de l’horizon du lieu de naissance de l’individu. Ce double positionnement des astres permet aux horoscopes d’être davantage différents les uns des autres et donc de mieux refléter la singularité des destinées individuelles.
En effet, les astrologues réalisent rapidement que les planètes mettent beaucoup de temps à quitter un signe (entre 2,5 jours pour la Lune et 2,5 ans pour Saturne) ce qui fait que de nombreuses personnes ont le même horoscope. Le découpage des signes en trois décans de 10° chacun permet une première subtilité, qui s’avère toutefois trop limitée.
Le système des maisons, suggéré par Ptolémée mais véritablement développé au Xe siècle par Abou-el-Saqr Abd-el-Aziz al-Kabisi, dit Alcabitius, permet une diversification bien plus grande. Au nombre de douze, les maisons sont des fuseaux définis autour de l’axe horizontal nord-sud par l’intersection entre le méridien passant par le zénith et les points nord et sud, et l’horizon.
☉ ☽ ♂ ☿ ♃ ♀ ♄
Au XIIIe siècle, le roi Alphonse X de Castille (1221-1284) rassemble à Tolède des lettrés auxquels il confie des missions de traduction et de mise à jour des savoirs, en particulier astronomiques. Il leur demande ainsi d’améliorer les tables de Tolède, référence ancienne dont la précision n’était plus satisfaisante pour les astronomes et les astrologues.
Parmi les causes attribuées par les astrologues à la faillite fréquente de leurs prédictions se trouve en premier lieu le manque de précision des tables astronomiques qu’ils utilisent pour établir la position des astres dans les horoscopes. Les astronomes et astrologues du Moyen Âge s’évertuent donc à créer des tables de plus en plus exactes. Parmi celles-ci, les Tables Alphonsines créées sur demande du roi Alphonse X de Castille sont les plus réputées et sont éditées à de nombreuses reprises jusqu’à l’apparition de tables tirées du travail de Kepler au début du XVIIe siècle.
Astronomicum caesarum, Petrus Apianus (auteur) et Michael Ostendorfer (graveur), 1540, 105
Cet ouvrage remarquable présente des disques rotatifs associés à des tables qui permettent de calculer relativement facilement la position des astres errants dans le ciel. Ces calculs, basés sur une vision géocentrique de l’Univers, tentent d’expliquer de manière rationnelle le retour en arrière le long de l’écliptique de Vénus et Mars à certaines périodes de l’année. En astrologie, on dit alors que ces deux planètes sont en rétrograde, ce qui modifie leurs influences.
Astronomique discours, Jacques Bassantin, 1557, 112
Sur un modèle similaire à celui de l’Astronomicum caesareum, cet ouvrage permet de calculer la position des astres errants grâce à un système de disques rotatifs. Ici, c’est la longitude écliptique* de Mercure qui peut être mesurée, soit sa position dans le zodiaque. On note par ailleurs que l’œuvre est dédié à Catherine de Médicis, reine de France férue d’astrologie.