Astrologie et science : un divorce compliqué
La distinction entre astronomie et astrologie est très tôt esquissée. Ptolémée distingue ainsi clairement les deux en établissant l’astronomie comme une science exacte fondée sur des calculs mathématiques (Almageste) et l’astrologie comme une science conjecturale (Tétrabible). Plus tard, les deux disciplines se rencontrent fréquemment et on observe une confusion lexicale, le mot astrologia désignant régulièrement l’astronomie jusqu’à la fin du Moyen Âge.
C’est à partir de la fin du XVIe siècle que les astronomes commencent à renier fermement l’astrologie. Les améliorations techniques des lunettes astronomiques ainsi que les progrès de la physique permettent en effet d’affiner la connaissance du ciel et de constater qu’il contient bien plus que les simples éléments observables à l’œil nu. Les astronomes continuent donc à enrichir leurs connaissances tandis que les astrologues s’arrêtent à une conception symbolique qui ne reflète plus la réalité du ciel.
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Assiette représentant "L'astrologue se laisse tomber dans un puits", Manufacture de Lunéville, milieu du XIXe siècle, Inv.529
Le décor de cette assiette est inspiré de la fable du même nom, treizième du livre II des Fables de Jean de La Fontaine. La morale de l’histoire condamne très clairement cette profession, preuve que le XVIIe siècle se montre de plus en plus critique à l’égard de l’astrologie. « Charlatans, faiseurs d’horoscopes, / Quittez les Cours des Princes de l’Europe. / Emmenez avec vous les souffleurs tout d’un temps. / Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens. »
Avec la création de l’Académie des sciences en 1666, le pouvoir royal entérine la séparation entre astronomie et astrologie en refusant d’y nommer membres des hommes ayant une quelconque sympathie pour cette dernière. Une ordonnance de 1682 chasse par ailleurs du royaume les devins et les astrologues. Ce n’est pas le cas dans tous les pays, ainsi en Angleterre où une chaire d’astrologie est créée à la Royal Society en 1661.
Connaissance des temps, M. Lieutaud de l'Académie Royale des Sciences, 1705, 21736[I]
Malgré la précision des aspects planétaires dans les tables de cet ouvrage, fort utiles aux astrologues, un avertissement précise qu’il n’y sera fait aucune prédiction « parce que l’Académie n’a jamais reconnu de solidité dans les règles que les Anciens ont données pour prévoir l’avenir par la configuration des astres ».
Le fossé entre astronomes et astrologues se creuse à mesure que la définition contemporaine de ce qu’est la science rejette de plus en plus l’astrologie au rang des arts divinatoires, malgré certaines tentatives récentes de prouver le contraire. En effet, mise de côté au XIXe siècle au profit de l’occultisme, l’astrologie revient en force dans la deuxième moitié du XXe siècle et connaît aujourd’hui un succès certain qui pousse ses partisans à vouloir lui octroyer une forme de reconnaissance intellectuelle et scientifique.
Dans son ouvrage, Flammarion tente de replacer l’astrologie dans son contexte historique mais cette gravure, ainsi qu'une autre consacrée à Saturne (p. 545), montrent que l’astrologie, pour un regard du XIXe siècle, appartient clairement au passé.
L'astrologie (Que sais-je ?), Paul Couderc, 1978
Les rééditions successives de ce Que sais-je ? montrent bien l’intérêt du public pour le sujet. Si Couderc (première édition : 1951), puis Kunth et Zarka (2005) se montrent extrêmement critiques vis-à-vis de l’astrologie en apportant de nombreux arguments prouvant qu’il ne s’agit pas d’une science au sens contemporain du terme, Fuzeau-Braesch (1992) fait scandale en publiant un avis bien plus favorable sur la discipline.
En 2001, Elizabeth Teissier devient docteure ès sociologie à la suite d’une soutenance extrêmement controversée à laquelle assistent plus de trois cents personnes. Elle y fait l’apologie de l’astrologie et nombre de sociologues refusent de considérer son travail comme scientifique.