Aux origines de l'astrologie

L’astrologie contemporaine est issue d’une longue tradition d’observation du ciel qui prend sa source en Mésopotamie au milieu du IIIe millénaire avant J.-C. Les astres y sont considérés comme des messages divins et leurs mouvements sont étudiés avec attention, notamment pour prédire la venue d’évènements naturels pour la plupart utiles au calendrier agricole. Elle devient également l’apanage d’ordres religieux qui la mettent au service des élites aristocratiques pour déterminer les moments les plus propices à engager des campagnes militaires ou à entreprendre de grands chantiers.

Par la suite, l’astrologie babylonienne, dite chaldéenne, connaît un grand succès chez les Grecs, qui la découvrent au retour des campagnes d’Alexandre le Grand. Compatible avec une vision du monde définie par Platon et Aristote, puis avec une vision géocentrique de l’univers développée par Claude Ptolémée au IIe siècle après J.-C., elle devient davantage personnelle, à mesure que les astrologues utilisent la position des astres pour établir des horoscopes qui prédisent le caractère et la destinée des individus. Astronomie et astrologie ne vont à l’époque pas l’une sans l’autre, même si on leur reconnaît des qualités différentes, car l’on ne trouve guère d’utilité à l’astronomie sans les prédictions astrologiques qu’elle permet (naturelles ou personnelles) et l’astrologie ne saurait exister sans les observations et les calculs réalisés par les astronomes.

ARISTOTE (titre forgé)

Portrait d'Aristote, W.S., XVIe siècle, Inv.I.163

 

Le savant grec Aristote (-384-322) s’intéresse à tous les domaines scientifiques de son temps et en particulier aux sciences naturelles. Il fixe ainsi les propriétés de la matière, en associant deux à deux quatre qualités simples – froid, chaud, sec et humide – pour former les quatre éléments : feu, air, eau et terre. En outre, il postule également la supériorité du monde supralunaire, immuable et parfait, où se trouvent les planètes et les étoiles, sur le monde sublunaire, celui de la Terre où tout est corruptible et éphémère. L’association des qualités et éléments aux planètes et aux signes du zodiaque, ainsi que cette vision du cosmos constituent les bases de l’astronomie et de l’astrologie occidentales pour près de vingt siècles.

Claude Ptolémée Pelusien (titre original)

Claude Ptolémée, auteur inconnu, XVIIe siècle, Inv.I.427

 

 

 

Mathématicien, astronome, astrologue, théoricien de la musique et géographe, Claude Ptolémée (v. 100-v. 168) est un savant grec ayant principalement vécu à Alexandrie. Il est l’auteur de la somme astronomique et mathématiques la mieux conservée de l’Antiquité grecque, l’Almageste, et d’une somme astrologique qui fait encore autorité de nos jours, la Tétrabible.

Notice biographique de Claude Ptolémée

Notice biographique de Claude Ptolémée, Joseph-Nicolas Delisle, première moitié du XVIIIe siècle, A1/2, n°3, 17

 

 

Parmi les manuscrits autographes de Delisle conservés par la Bibliothèque de l’Observatoire se trouve un fonds de notices biographiques et bibliographiques sur les astronomes de tous les pays depuis l’Antiquité jusqu’à 1738. Parmi les plus anciennes, celle de Ptolémée fait figure d’exception par sa longueur et sa précision.

Système de Ptolémée ; systêmes de Copernic, de Descartes et de Tycho-Brahé (titre forgé)

Système de Ptolémée, accompagné des systèmes de Copernic, Descartes et Tycho-Brahé, René-Jacques Le Charpentier, 1767, Inv.I.1537

Avec son système, Ptolémée établit la suprématie du géocentrisme jusqu’au XVIe siècle et l’émergence du système copernicien. Son succès et sa longévité s’expliquent à la fois par son inscription dans les modèles anciens de Platon et d’Aristote et par sa compatibilité avec une vision chrétienne de l’univers. La Terre, espace changeant et corruptible, est placée au centre d’une sphère constituée d’abord des quatre éléments puis d’un cinquième, l’éther, substance parfaite et immuable, dont la légèreté en fait le tissu du ciel. En son sein les corps célestes accomplissent leurs révolutions autour de la Terre, de la Lune aux étoiles fixes, au-delà desquelles l’Église place Dieu et les anges.

Tétrabible

Tétrabible, Claude Ptolémée (auteur) et Hieronymus Wolf (éditeur scientifique), 1559, 1101

 

 

Cet ouvrage du XVIe siècle met en regard le texte original de Ptolémée (IIe siècle) et sa traduction latine et propose une exégèse d’Albumasar (IXe siècle), montrant ainsi la longévité de traditions astrologiques anciennes. En particulier, la page 194 présente les symboles des signes et des planètes et leur association aux domaines du masculin et du féminin.

Liste des étoiles des constellations du zodiaque, Almageste, Claude Ptolémée (auteur), Georges de Trébizonde (traducteur) et Luca Gaurico (éditeur scientifique), 1528, 1203

À la fois astronome et astrologue, comme beaucoup d’autres savants de son époque, Ptolémée observe le ciel avec attention avant d’en proposer une interprétation. Il distingue d’ailleurs très clairement les deux disciplines : pour lui, l’astronomie est une science certaine où la régularité et l’éternité des mouvements des corps célestes sont analysées grâce aux mathématiques, tandis que l’astrologie est une science conjecturale où l’on étudie l’effet produit par la configuration des astres sur le monde sublunaire. Dans cet ouvrage consacré à l’astronomie, Ptolémée fournit notamment une liste des étoiles connues par constellation, en indiquant leur position dans le ciel.