L'âge d'or de l'astrologie

À Rome, l’astrologie ne rencontre pas la même faveur qu’en Grèce. À l’exceptions des Stoïciens, la plupart des philosophes sont réticents à l’idée d’un fatalisme céleste, et on lui préfère d’autres formes de divination. Elle tombe ainsi quelque peu dans l’oubli jusqu’à la fin du IXe siècle où elle réapparaît en Europe par le biais de savants arabes qui s’attèlent à la traduction de nombreux textes grecs et ce dans tous les domaines : médecine, mathématiques, astronomie et, par conséquent, astrologie. C’est ainsi qu’est redécouverte la Tétrabible de Ptolémée, ouvrage fondateur de l’astrologie occidentale et ce encore de nos jours, à travers une version commentée par Ali Ibn al-Ridwan. Les astrologues médiévaux utilisent également beaucoup les travaux d’Abu Ma’shar al-Balkhî, dit Albumasar (De magnis conjunctibus), de Masha’allah ibn Atharî, dit Mashallah (Epistola de rebus eclipsium et conjunctionibus planetarum) ou encore ceux d’Abu Bakr al-Hassan ibn al-Khasib, dit Albubather (De nativitatibus). Connus à travers des traductions latines, notamment par celles de Jean de Séville, ces ouvrages sont des références et traversent tout le Moyen Âge.

En plus de leurs traductions et commentaires de textes grecs, les auteurs arabes innovent en proposant aux astrologues de nouvelles manières de construire leurs prédictions même si dans le fond, l’astrologie change peu entre la Tétrabible de Ptolémée et les pratiques de la fin du Moyen Âge. On y retrouve l’utilisation d’un zodiaque divisé en douze signes de 30° degrés chacun, dans lesquels on place les sept astres errants, par opposition aux étoiles fixes, qui sont visibles à l’œil nu : la Lune, le Soleil, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Seule change la manière de construire les douze maisons astrales, dont le principe n’est évoqué que de manière ambigüe par Ptolémée. Plusieurs astrologues proposent ainsi des modes de domification* dont le découpage varie : al-Qabisi, dit Alcabitius, propose une solution rigoureuse au Xe siècle qui aura beaucoup d’influence en Europe avant d’être reconnue comme fautive et remplacée par les calculs de Campanella et de Campanus (XIIIe siècle) ou encore de Johannes Müller von Königsberg, dit Regiomontanus (XVe siècle) et d’Oronce Fine (XVIe siècle). Ces deux derniers sont également réputés pour être de brillants astronomes, le premier ayant construit le premier observatoire européen et le second occupant la première chaire de mathématiques, c’est-à-dire de sciences, au Collège de France.

De nativitatibus

De nativitatibus, Abu Bakr al-Hassan ibn al-Khasib, dit Albubather, 1501, 1099(1) [Consulter l'ouvrage sur Gallica]

Médecin et astrologue perse du IXe siècle, Albubather a grandement contribué à fixer les canons des influences astrales sur les individus et ses écrits connaissant une grande postérité dans la deuxième moitié du Moyen Âge. Dans cet ouvrage, il présente les configurations célestes favorables ou défavorables que l’on peut trouver dans les horoscopes de naissance ou nativités.

Sur le frontispice de cette édition du XVIe siècle, on distingue Ptolémée entourée d'une allégorie de l'Astronomie et d'Uranie, muse de cet art. Dans le coin supérieur gauche, on note par ailleurs une représentation de la constellation de la Vierge qui fait appel à la tradition médiévale de réprésentation d'une jeune fille pure accompagnée d'une licorne.

De magnis conjuctibus, Abu Ma'shar al-Balkhî, dit Albumasar (auteur) et Jean de Séville (traducteur), 1489, 20238 [Consulter l'ouvrage sur Gallica]

Traduit de l’arabe au XIIe siècle par le mathématicien Jean de Séville (v. 1090-v. 1150) et réédité plusieurs fois par la suite, cet ouvrage célèbre d’Albumasar (787-886) présente la théorie selon laquelle les grandes conjonctions célestes (notamment celles entre Mars, Jupiter et Saturne) sont à l’origine d’évènements majeurs sur Terre. Ses travaux sur les conjonctions et ses manuels pratiques d'astrologie font d'Albumasar une référence pour les savants européens.

De significatione planetarum in nativitatibus

De naturis signorum, in De revolutione planetarum in nativitatibus, Masha'allah ibn Atharî, dit Mashallah (auteur), Jean de Séville (traducteur) et Joachim Heller (éditeur scientifique), 1549, 20329 [Consulter l'ouvrage sur le site du Warburg Institute]

 

 

Mashallah (v. 740-815) est un astrologue et astronome persan majeur du VIIIe siècle. En 762, il fait partie du groupe d’astrologues chargé de définir une date propice à la fondation de Bagdad, future capitale du califat abbasside. L’ouvrage présenté ici est le deuxième d’une compilation comprenant également De revolutione annorum mundi et De receptione.

Tabulae Frisicae lunae-solares quadruplices, Nicolaus Mulerius, 1610, 20478 (Source Gallica / Observatoire de Paris)

Le frontispice de ces tables des mouvements de la Lune et du Soleil présente des figures majeures en astronomie et en astrologie. Hipparque est ainsi le premier à décrire le phénomène de la précession des équinoxes*, ce qui provoque une division entre astrologues tropicalistes* et sidéralistes*. Ptolémée est l’auteur de traités majeurs en mathématiques, astronomie, astrologie et géographie. Le roi Alphonse X de Castille est réputé avoir commandé la réalisation de tables astronomiques d’une grande fiabilité, utile tant aux astronomes qu’aux dresseurs d’horoscopes. Nicolas Copernic est en Europe le premier depuis Aristarque de Samos à démontrer l’héliocentrisme de notre système planétaire. Enfin, Tycho Brahé met à bas le dogme aristotélicien de l’immuabilité du monde supra-lunaire en 1572, grâce à l’observation rigoureuse d’une supernova. En outre, ce frontispice présente dans sa partie supérieure les constellations du lion et du cancer, ainsi que le Soleil et la Lune, luminaires qui leur sont respectivement associés en astrologie.