Astrologie et christianisme : la question du libre-arbitre
Dans l’Antiquité, astrologie et religion sont intimement liées. L’astrologie est pratiquée par des devins qui sont parfois également prêtres et les astres apparaissent comme porteurs de messages divins et annonciateurs d’évènements futurs. L’émergence du christianisme remet en question ce lien ancien et les textes sacrés condamnent cette pratique considérée comme païenne. Les Pères de l’Église acceptent la vision de l’Univers présentée dans les textes d’Aristote, de Platon ou de Ptolémée, tout en attribuant à Dieu la perfection des mouvements célestes, mais ils sont beaucoup plus méfiants à l’idée de pouvoir lire l’avenir dans les astres. Augustin d’Hippone (354-430) écrit en effet : « Dieu a conféré à sa créature, avec le libre-arbitre, la capacité de mal agir et, par là même, la responsabilité du péché » (De libero arbitrio, 388-395). Placer dans les mouvements des étoiles les destinées humaines revient donc à priver les hommes de leur libre-arbitre, ce qui est impensable.
Il faut attendre le XIIIe siècle pour qu’une nuance soit apportée à cette condamnation. Albert le Grand (1200-1280) affirme ainsi que les astres exercent une influence indirecte et accidentelle sur les puissances de l’âme, tandis que son disciple Thomas d’Aquin (1225-1274) reprend la formule bien connue des astrologues : « Les astres inclinent mais ne contraignent pas ». Pour lui, la liberté de l’homme se manifeste en effet par sa capacité à résister aux influences astrales.
Malgré ses réserves, l’Église tolère l’astrologie pendant la plus grande partie du Moyen Âge et certains de ses membres sont même connus pour faire appel à des astrologues, comme le cardinal Pierre d’Ailly (1351-1420). Autour du XVe siècle, avec l’apparition des doctrines calvinistes déterministes, la position de l’Église se durcit mais peu d’astrologues sont véritablement inquiétés.
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Prélude à la séparation entre astrologie et astronomie, la séparation entre astrologies naturelle et judiciaire est régulièrement avancée pour justifier l’aspect scientifique de la première et divinatoire de la seconde. L’astrologie naturelle passe ainsi pour une application pratique de l’astronomie théorique.
Astrologue et astronome du XVIe siècle, Garcée est mis à l’index par l’Église pour avoir publié sur le libre arbitre limité de l’homme et sur la prédiction de l’avenir.
Cette gravure illustre un verset qui condamne les astrologues, plus précisément chaldéens, qui voient dans les étoiles des messages divins : "[...] Il supprima également ceux qui brûlaient de l’encens en l’honneur de Baal, du Soleil, de la Lune, des Constellations et de toute l’armée des cieux", Deuxième Livre des Rois (23, 5). La roue dans la partie supérieure représente le zodiaque égyptien et babylonien.