Strasbourg : à l'interface entre France et Allemagne
Reprise par les Français au terme de la première guerre mondiale, Strasbourg est une interface entre les deux nations en matière scientifique et technique.
Le laboratoire strasbourgeois de Pierre Weiss se distingue du conservatisme de l’Université parisienne par la mise en pratique de nouvelles idées physiciennes venues d’Allemagne, en particulier la physique quantique. André Lallemand fréquente dans ce laboratoire Louis Néel, prix Nobel de physique en 1970, qui y prépare aussi sa thèse de doctorat.
A l'observatoire de Strasbourg, pour Esclangon, le modèle à suivre est américain, même si les observatoires français ne peuvent espérer les mêmes ressources financières.
Il fonde le développement de l’astrophysique sur l’instrumentation laissée par les Allemands à la fin de la guerre, par économie de moyens : « L’établissement possédait en 1919, un commencement d’outillage photométrique. C’est donc la photométrie qu’il convenait tout d’abord de développer. » ( Esclangon Ernest, Annales de l’Observatoire de Strasbourg. Tome I, Paris, Gauthier-Villars et Cie, 1926, p. 54.)
Ce choix est d’autant plus stratégique que les astronomes et physiciens allemands sont à la pointe du développement de ces techniques, en astronomie en particulier.
Si le jeune Danjon choisit de développer des systèmes de mesures photométriques basées sur la technique photographique, Gilbert Rougier (1886-1947) développe lui des techniques fondées sur les cellules photo-électriques. La photo-électricité est une technique particulièrement développée en Allemagne.
La seconde thèse d'André Lallemand porte sur des mesures photométriques de la couronne solaire dans le domaine de l'infra-rouge. Ces observations sont réalisées lors de l’éclipse totale de Soleil du 9 mai 1929 à Poulo Condore, alors en Cochinchine, Indochine française, dans le cadre d'une mission organisée par le Bureau des longitudes. L'expérience est évoquée dans le compte-rendu rédigé par Danjon pour publication à l'Académie des sciences.
Ces travaux mettent Lallemand en contact à la fois avec le domaine du rayonnement infra-rouge et avec les techniques photométriques.