Paris : un prototype pour observer les astres

Le 10 décembre 1950, André Lallemand présente devant la Société Astronomique de France les résultats obtenus dans son laboratoire. La conférence s’achève sur la promesse d’obtenir des images à deux dimensions sur un récepteur photoélectrique et l’auteur mentionne les travaux en cours avec Maurice Duchesne sur l’optique électronique : « Nous avons repris, avec M. Duchesne, les études entreprises à Strasbourg et nous avons réalisé un dispositif où chaque photoélectron sera décelé et sa place parfaitement fixée dans le plan image ».

Lallemand, André (1904-1978) et Duchesne, Maurice (1913 – 2004) en 1958.

André Lallemand (1904-1978) et Maurice Duchesne (1913 – 2004) au Symposium on photo-electronic image devices à Imperial College, Londres en septembre 1958. Extrait d’une photo par Ernest A. Cook (1958), 19 AO 428 Bibliothèque de l’Observatoire de Paris.

Maurice Duchesne (1913-2004) est entré en 1937 dans le laboratoire de Chimie Générale de la Faculté des sciences de Paris où il s’initie aux méthodes spectrographiques. Mobilisé en 1939, il est prisonnier de guerre à partir de 1940. A son retour de captivité en mai 1945, il commence une thèse de doctorat, soutenue en 1949, sous la direction de Lallemand au laboratoire de Physique Astronomique : « Depuis 1945 toute mon activité scientifique a été consacrée, dans une collaboration avec Monsieur Lallemand d’année en année plus étroite, à l’étude, l’amélioration et l’utilisation de ce récepteur idéal de photons. »

Les première images électroniques du ciel sont obtenues à l’Observatoire de Paris pendant l’été 1952. Elles sont réalisées au foyer du Petit Coudé, instrument dont le dispositif optique permet un lieu d’observation fixe au cours de la nuit, et ainsi autorise l’installation de l’imposant bâti de la caméra. Sur ce bâti se trouve le système pour la fabrication du vide qui rend alors impossible l’installation sur un dispositif mobile. Il s'agit du dernier usage du Petit Coudé, qui est démonté en 1973.

Prototype de la caméra électronique Lallemand-Duchesne au foyer du "petit coudé" de l'Observatoire de Paris (1951).

Un dispositif optique a été ajouté à l’oculaire de la lunette coudée pour réfléchir l’image sur la surface de la caméra électronique. Le circuit à vide, et son piège froid, semblent actif comme l’indique la condensation blanche visible sur la paroi de verre. Fixés au mur au-dessus de l’oculaire de l’instrument, deux fils pendent d’isolateurs en bordure d’image. Il s’agit de l’alimentation haute-tension de l’optique de la caméra électronique. Un panneau au mur prévient « Haute-tension ! Ne pas toucher ! Danger de mort ! » trahissant un état temporaire de l’installation, pas un état d’usage permanent et sécurisé. Album photographique d’André Lallemand (1951) 19 AO 426, Bibliothèque de l’Observatoire de Paris.

Petit équatorial coudé de l'Observatoire de Paris (titre forgé) / [2 images]

Petit équatorial coudé de l'Observatoire de Paris (Bibliothèque de l'Observatoire de Paris, B2094a).

Clichés comparatifs pour essais de caméra électronique sur Théta Orionis (1951).

Les clichés obtenus sous une tension de 20kV sont présentés comparés à ceux réalisés en « photographie normale ». Les images de Saturne et de θ Orionis sont publiées aussi bien aux Comptes rendus de l’Académie des sciences que dans Point de vue et Images du monde. (Album photographique d’André Lallemand (1951) 19 AO 426, Bibliothèque de l’Observatoire de Paris)