La Hire à L'Observatoire

Panorama de la Grande Galerie, bâtiment Perrault

Observatoire de Paris, panorama de la Grande Galerie, bâtiment Perrault

 A partir de 1682, La Hire s’installe avec sa famille, assez nombreuse, au deuxième étage de l’Observatoire de Paris, dans les appartements précédemment occupés par Picard et Ole Rømer (1644-1710)[1]

En H et H’, les appartements de La Hire et de sa famille.[2]

La Hire dispose désormais, à portée de main, des meilleurs instruments. Le 25 avril 1682, il positionne, dans la tour ouest de l’Observatoire, un quart de cercle mural. L'instrument, d'une grande précision car fixé au mur, lui permet de construire ses futures tables astronomiques. Pendant 36 ans, et presque sans interruption, il observe méthodiquement le ciel. Sa correspondance atteste de ses échanges d’observations avec de nombreux astronomes - Comme le note Fontenelle dans son Éloge, les nuits de La Hire sont souvent écourtées par la nécessité de ne pas manquer un événement céleste. L’un de ses fils, Gabriel Philippe[3], l’assiste dans ses mesures.

[Journal des observations faites à l'Observatoire de Paris et au château de Thury],7 mars 1698 - 25 mai 1699

"7h. La lumière est fort belle et je ne me souviens point de l'avoir vue si éclatante." 28 janvier 1699. Journal des observations faites à l'Observatoire de Paris et au château de Thury,7 mars 1698 - 25 mai 1699, Bibliothèque de l'Observatoire de Paris, D 3/17.

 Mémoires de l'Académie des Sciences, 1710, p. 172. La Hire publie dans ces Mémoires les observations effectuées à l'Observatoire.

  

Les bâtiments de l’Observatoire lui servent de terrain d’expérience. En 1714[4], Il utilise le puits zénithal – des ouvertures exactement superposées à chaque étage, de la terrasse aux caves, formant un "gouffre de lumière" vertical de 168 pieds (55 mètres) –  pour refaire les expériences qu'Edme Mariotte (1620-1684) et lui-même avaient menées en 1683 sur « la chute des corps dans l’air »[5] .

Gravure représentant le plan de coupe en élévation du bâtiment Perrault (Observatoire de Paris, façade nord), par Sébastien Leclerc, 17ème ou 18ème siècle, 43x60cm, détail, Bibliothèque de l'Observatoire de Paris.  

 

Histoire de l’Académie royale des sciences ... avec les mémoires de mathématique & de physique... tirez des registres de cette Académie, 1714, Paris: Imprimerie de Du Pont.  

 

En météorologie, à de nombreuses reprises, il rend compte de ses observations faites à l’Observatoire : thermomètre, baromètre, mesure des précipitations, mesure de la force et de la direction du vent. Pourquoi s'appliquer à ce travail presque quotidien de mesures ? La Hire s'en explique dans l'un de ses mémoires, publié dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de 1699 :

"On croirait qu'il est assez inutile de tenir un registre exact du vent qui souffle chaque jour, de la force, et de la durée, de la quantité de pluie qui tombe, et de l'état où est le baromètre. Cependant les changements qui arrivent dans toute cette grande masse de l'air, paraissent peut-être encore plus bizarres qu'ils ne sont, faute d'observateurs qui s'y soient assez longtemps et assez soigneusement appliqués pour y découvrir de la régularité ; et s'il est possible qu'il y en ait quelqu'une, on ne s'en apercevra que par une longue suite d'observations faites en différents lieux. Qui sait, par exemple, s'il n'y a point quelques compensations, ou quelques échanges de beau et de mauvais temps, entre différentes parties de la Terre ?"[6]

Fontenelle développe les multiples avantages que présentent des observations régulières du temps : 

Mémoires de l'Académie des Sciences, 1700, p. 1

[Journal des observations faites à l'Observatoire de Paris et au château de Thury],1er octobre 1712 - 31 décembre 1714

Dans cet extrait du journal des observations des MM. de La Hire, on peut lire les observations météorologiques effectuées en janvier 1713. 

La Hire meurt à 78 ans, le 21 avril 1718, à l’Observatoire. Deux jours auparavant, il notait ses dernières observations astronomiques. Comme Cassini Ier, il repose en l’église de Saint-Jacques-du-Haut-Pas.

 

“La Hire, connu par toute l'Europe pour un des plus grands astronomes qu'il y ait eu depuis longtemps, mourut à l'Observatoire à près de quatre-vingts ans, jusque alors dans une continuelle et parfaite santé de corps et d'esprit.”

(Saint-Simon[7])

 

Autoportrait au pastel de Philippe de La Hire, Bibliothèque de l'Observatoire de Paris, inv.I.87

[Journal des observations faites à l'Observatoire de Paris],25 août 1715 au 19 mai 1719

Observations des La Hire, le 19 avril 1718, deux jours avant la mort du père. Son fils Gabriel Philippe poursuivra les observations jusqu’au 19 mai 1719.

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[1] Charles Wolf, Histoire de l'Observatoire de Paris de sa fondation à 1793, Gauthier-Villars, 1902, p. 100 et p. 379.

[2] Ibid.

[3] Dans le Grand dictionnaire de Moreri, on trouve ces notes à propos de Gabriel Philippe de La Hire : « Outre un profond savoir, il avait une érudition très variée, et une grande facilité de bien parler ; malgré son peu de santé, il avait une gaité naturelle, et le courage d’un sage physicien, qui sait à quoi le corps humain est sujet, et qui pardonne à la nature. » – Louis Moreri, Le Grand dictionnaire historique , ou le Mélange curieux de l'histoire sacrée et profane…, Paris, J.-B. Coignard, 1681 (1732), tom 1, p. 482-483.

[4] Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, 1714, p. 334.

[5] Oeuvres de M. Mariotte ... : comprenant tous les traitéz de cet auteur, tant ceux qui avoient déjà paru séparément, que ceux qui n'avoient pas encore été publiés; imprimées sur les [...]. A La Haye : chez Jean Neaulme, 1740, p. 113.

[6] Mémoires de l'Académie des Sciences, 1699, p. 2.

[7] Le jeune Saint-Simon a peut-être rencontré La Hire lors de sa visite à l’Observatoire. Voir Guy Picolet, ”Une visite du jeune Saint-Simon à l'Observatoire de Paris”, Cahiers Saint Simon, n°26, 1998.