Philippe de La Hire, l’étude continuelle

« Toujours occupé, ses journées étaient une étude continuelle, ses nuits mêmes étaient souvent interrompues par des observations astronomiques ; nul exercice corporel, que d’aller de l’Observatoire à l’Académie des Sciences, à celle d’Architecture, & au Collège Royal dont il était professeur. »

 — Fontenelle, Éloge de M. de La Hire

Géomètre, astronome, physicien, mais aussi artiste, Philippe de La Hire laisse à la postérité une œuvre prodigieusement variée. Formé pour être peintre[1], il se révèle géomètre de premier plan, puis homme de science au savoir encyclopédique.

Astronome de l’Académie des Sciences, il vit et travaille pendant trente-six années à l’Observatoire de Paris. Il s’astreint à un labeur quotidien d’observations astronomiques et de relevés météorologiques consignés dans des "journaux" manuscrits conservés à la Bibliothèque de l’Observatoire, et disponibles en ligne.

[Journal des observations faites à l'Observatoire de Paris],1er mai 1689 au 23 septembre 1693

Journal des observations faites à l'Observatoire de Paris,1er mai 1689 au 23 septembre 1693, Bibliothèque numérique - Observatoire de Paris, D 2/5

La Hire participe, sur le terrain, aux grands projets de l’Académie. Il cartographie la France avec Picard, trace la Méridienne de Paris avec Cassini, tente d’achever le projet du canal de l’Eure, qui devait amener les eaux à Versailles. Sa correspondance en ligne permet de retracer ses voyages, et donne un éclairage original sur le travail concret d’un astronome du Grand Siècle.

Toute sa vie, l’astronomie et la géométrie projective ont retenu son attention, mais son œuvre ne saurait s’y restreindre[2]. Professeur au Collège Royal, attentif à ce que son enseignement puisse être appliqué[3], il publie des traités d‘architecture, de mécanique, de peinture, tout en publiant les travaux de ses confrères et amis[4], comme Picard ou Mariotte.

Signature de Philippe de La Hire, lettre de La Hire à Cassini I, Dunkerque, le 10 décembre 1682

 

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[1] Madeleine Pinault Sørensen, Biographie, in Philippe de La Hire, 1640-1718 : entre architecture et sciences, op. cit., p. 17.

[2] La Hire a présenté et publié 9 mémoires sur l’histoire naturelle ou la médecine, 9 autres sur la mécanique ou l’art de construire un instrument (parfois de son invention), 22 sur des expériences de physique, et 67 sur l’architecture ; les 132 autres mémoires concernent l’astronomie, la météorologie ou la géométrie. Ces mémoires ont été publiés comme suit : 12 mémoires dans les deux volumes, 1692-1693, des Mémoires de mathématiques et de physique tirez de l’Académie royale des sciences, 160 dans l’Histoire de l’Académie royale des sciences (1699-) Avec les Mémoires de mathématiques et de physique, pour la même année, tirés des registres de cette Académie [1702-1719], ainsi que 67 mémoires présentés à l’Académie royale d’architecture. cf. Bibliographie de l’œuvre de Philippe de La Hire, in Philippe de La Hire, 1640-1718 : entre architecture et sciences, op. cit., p. 300-309.

[3] Fontenelle écrit, à propos du Traité de Gnomonique : « M. de la Hire éclaira la gnomonique par des principes et des démonstrations, et la réduisit aux opérations les plus sûres et les plus aisées, et pour ne pas trop changer son ancien état, il eut soin de faire imprimer les démonstrations dans un caractère différent de celui des opérations, et par-là donna aux simples ouvriers la commodité de sauter ce qui ne les accommodait pas, tant il faut que la science ait de ménagements pour l’ignorance qui est aînée et qu’elle trouve toujours en possession. »  Fontenelle, « Éloge de Monsieur de La Hire », Histoire de l’Académie royale des Sciences. Année M. DCCXVIII. Avec les Mémoires de Mathématiques & de Physique, pour la même année. Tirés des Registres de cette Académie, vol.20, Paris, Imprimerie royale, 1719, p. 80.

[4] Toujours selon l’Éloge de Fontenelle (ibid., p. 87), La Hire a vécu « en liaison d’amitié » avec Picard et Mariotte.

Philippe de La Hire, l’étude continuelle