Tracé de la méridienne et triangulation, les deux piliers de la cartographie

 

Dès 1668, Colbert missionne la toute jeune Académie royale des sciences pour établir des cartes de France plus exactes. Guillaume Sanson (1633-1703), fils du cartographe du roi Nicolas Sanson (1600-1667), est convoqué à la séance du 30 mai, que l’on peut considérer comme le point de départ de cette entreprise de cartographie. Cette entreprise se distingue de la cartographie de cabinet en vogue depuis le 16e siècle par une ambition de précision des mesures, par l’augmentation des échelles, la multiplication des détails topographiques et une toponymie reflétant les usages locaux.

Deux réalisations voient le jour dans les années suivantes. Conçue au moyen de la technique de la triangulation, la Carte particulière des environs de Paris est publiée en 1678. Elle est principalement l’œuvre de David du Vivier (16..-16..), qui a bénéficié des conseils et corrections de Picard, Roberval (1602-1675), Cassini I et Richer (1630-1696). Plus vaste et mise au point notamment grâce à l’observation de l’occultation des satellites de Jupiter afin de définir les longitudes terrestres, la Carte de France corrigée date de 1682. Jean Picard (1620-1682) et Philippe de La Hire (1640-1719) ont effectué un tour de France pour réaliser des observations visant à déterminer des latitudes et des longitudes le long des côtes du Royaume. Ces cartes bénéficient alors des développements de l’astronomie de la fin du siècle, avec en particulier l’adaptation de lunettes aux quarts de cercles, l’usage de micromètres ou encore celui d’horloges à pendule et de tables d’éclipse de satellites de Jupiter.

 

 

Picard occupe une place privilégiée dans cette aventure, car il a déjà mesuré le degré de méridien (57 060 toises soit 111,090 km) et a également à son actif des améliorations apportées aux instruments de visée. Par ailleurs, dans un mémoire présenté à l’Académie des sciences en 1681, il propose un projet de châssis général du royaume composé de chaînes de triangles, qui débuterait par la traverse Dunkerque-Perpignan et se prolongerait par un tour de France en suivant les côtes et les frontières. Ce projet oriente la suite des opérations de cartographie.

Après la disparition de Picard en 1682, Cassini I, Cassini II et Maraldi I (1665-1729) reprennent ses projets et achèvent la méridienne Dunkerque-Paris-Perpignan en 1718. Cassini II, Cassini III et Maraldi II (1709-1788) poursuivront l’opération de triangulation du royaume, qui culmine avec la publication de la carte de 1744, et, de nombreuses zones restant inachevées, avec les publications de 1747 puis de 1783.

 

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